Voici un petit guide de 10 astuces à garder en tête quand on débute à l’aquarelle ou que l’on cherche à se perfectionner. Peu importe son coup de crayon, l’aquarelle peut tout rendre magique, à condition de respecter quelques consignes. Bien sûr, ces conseils ne sont pas toujours à respecter, surtout quand on est à la recherche d’une expression artistique, mais ils peuvent aider à valoriser nos créations.
1- La base : ne pas faire gondoler sa feuille de papier
La technique de l’aquarelle nécessite un emploi plus ou moins important d’eau. Or si l’on met de l’eau sur une feuille, celle-ci va se mettre à gondoler. Il ne faut donc pas utiliser n’importe quel type de papier quand on peint à l’aquarelle. On utilise un papier spécial aquarelle, bien épais, avec un grammage situé aux alentours des 300g/m². Plus le papier est épais, plus il résistera à l’eau. C’est un faux-pas de réaliser une jolie peinture sur un papier qui va se mettre à gondoler quand il sera sec. Mais en règle générale, un papier épais ne suffit quasiment jamais, il y aura toujours une bosse disgracieuse, même si on travaille l’aquarelle comme de la gouache. La solution est de peindre sur une feuille tendue sur les quatre côtés. Pour cela deux moyens : soit on fixe manuellement sa feuille sur un support avec du papier gommée pour la tendre soit on travaille directement sur des blocs encollés sur les côtés. Essayer les mots clés « tendre le papier aquarelle » sur internet pour trouver de nombreux tutoriels sur le sujet.
2- Laisser des blancs (dans les bonnes proportions)
En aquarelle, le blanc n’existe pas, il est généré par le blanc de la feuille laissé vide. La maîtrise des blancs, c’est un peu la clé de l’aquarelle et demande un certain sens de l’anticipation. En effet, on ne peut pas rajouter le blanc sur une surface déjà peinte, il faut le réserver. Si vous trouvez que vos aquarelles manquent de contraste et de relief, peut-être ne laissez-vous pas assez de blancs. A l’inverse, c’est une question d’équilibre, laissez trop de blancs peut nuire à la composition d’ensemble et être vite fade. Pour arriver à maîtriser le blanc à l’aquarelle, ce n’est pas chose facile, cela demande de la pratique, mais surtout un sens de l’observation. Il faut analyser dans les peintures, comment les artistes arrivent à l’intégrer au sujet.
Où laisser des blancs ?
Le blanc peut suggérer deux choses : la couleur réelle de la matière ou une réflexion de la lumière. Dans un premier temps, on laisse du blanc sur les zones qui représentent une matière blanche (neige, objet, encadrement d’une fenêtre,…). Dans un second temps, il faut réserver du blanc sur des zones de détails où la lumière se réfléchit, comme l’arrête d’un objet, d’un tronc d’arbre, ou un reflet dans l’eau… C’est un exercice d’analyse des ombres et des lumières. Si l’on veut faire une aquarelle très réaliste, la maîtrise du blanc est un outil central. C’est ce qui va donner un aspect « plus maîtrisé » à votre pratique de l’aquarelle et la rendre plus attractive à l’œil.
Comment laisser des blancs ?
Techniquement parlant, comment peut-on rendre du blanc à l’aquarelle ? Il existe plusieurs façons. La première est assez puriste, nécessite de faire attention à ne pas peindre la surface qui doit rester blanche ! C’est celle que je préfère ! La deuxième façon est d’utiliser une gomme à masquer, ou drawing-gum, que l’on place à l’endroit où l’on veut laisser du blanc. En technique humide, il est vivement recommandé de l’utiliser. Grâce à la gomme, on peut passer son pinceau dessus, et l’enlever une fois la peinture sèche. D’autres méthodes existent où sont à inventer, à utiliser avec parcimonie, comme l’utilisation d’un cutter pour gratter la feuille, ou encore utiliser tout simplement de la peinture acrylique blanche.
Le drawing-gum existe sous plusieurs formes, en pot ou en pinceau par exemple. Attention de l’appliquer avec un vieux pinceau car ça colle ! Je n’aime pas vraiment l’utiliser pour cette raison, car il n’est pas aussi facile de l’appliquer que cela en a l’air…
Il suffit ensuite de retirer la pâte pour voir le blanc apparaître comme par magie.
3- Utiliser des couleurs qui créent une belle harmonie
C’est un peu l’astuce bête, mais demandez-vous si les couleurs que vous déposer ensemble s’accordent, ne sont pas trop vives… Une aquarelle est en règle générale jolie quand elle est harmonieuse par le choix et l’assemblage de ses teintes. C’est une question d’esthétisme, on assorti des couleurs qui vont bien ensemble, qui se parlent entre elles, on créer une palette qui va fonctionner.
Si on utilise le bleu tout fait de sa boite d’aquarelle pour faire le ciel, et le vert qui sort du tube pour faire les champs, le résultat risque d’être décevant, comme quand on dessine avec des feutres. Les couleurs toutes préparées sont parfois agressives, on n’hésite pas à faire ses propres mélanges, et on teste la couleur avant sur un papier brouillon. Il faut se trouver le don d’assortir les couleurs, c’est ça qui va faire la différence ! L’idéal est de créer sa propre palette, cela participe à créer son style. Si vous avez du mal à anticiper et visualiser le mélange des couleurs entre elles, je vous conseille de créer un nuancier avec les couleurs de votre palette, à garder à côté de vous pendant l’exécution de la peinture. Vous pouvez aussi jouer sur différents modes d’intensité des couleurs et des pigments, mais ça c’est un autre point.
Ici, un énorme nuancier commencé par jour de pluie, mais pas besoin d’avoir 36000 couleurs dans sa palette pour commencer à faire des mélanges intéressants ! Au contraire, une palette de 12 couleurs est souvent largement suffisante et même conseillée.
4- Faire attention aux mélanges
Il s’agit de prendre conscience que les couleurs de vos palettes sont composées de pigments qui peuvent avoir différentes qualités. Ces dernières sont inscrites sur les tubes d’aquarelle. Une couleur est soit transparente, soit semi-transparente, soit opaque, ce qui traduit sa capacité à recouvrir une autre couleur. Une couleur peut aussi être plus ou moins pure, c’est-à-dire composée ou non de plusieurs pigments. Bref, prendre en compte la composition des pigments pour mieux comprendre son comportement sur la feuille peut parfois se révéler judicieux. Utiliser les bonnes couleurs et les bons mélanges peut rendre une aquarelle plus lumineuse.
Pour une belle couleur lisse, le secret c’est d’éviter les mélanges boueux. La règle générale veut qu’on évite de mélanger trop de couleurs entre elles (maximum trois-quatre). L’autre règle est d’éviter de mélanger une couleur opaque avec une autre couleur opaque.
A gauche : mélange de deux couleurs transparentes, le jaune Citron avec le bleu d’Indanthrene. A droite : mélange de deux couleurs opaques, le jaune Naples avec le bleu Céruléum. Le résultat de droite est moins pur, moins uniforme, ce qui est généralement moins recherché sauf pour un effet de style.
5- Créer du contraste
Personnellement, je trouve qu’une aquarelle est intéressante quand elle maîtrise le contraste, même si cela peut-être un style de rester sur la même gamme de ton. On retrouve des zones d’ombres et de lumière qui permettent de rendre la scène plus vivante. Pour cela on n’hésite pas à foncer les couleurs où il faut pour éviter de se retrouver avec une peinture très pâle. La plupart de temps, il suffit de mélanger sa couleur avec un peu de Terre de Sienne brulée, du brun ou du gris pour obtenir une teinte plus sombre. On donne souvent comme astuce de travailler ses couleurs des plus claires aux plus foncées. En effet, la bonne astuce est de revenir travailler des détails sombres et contrastés sur des zones qui ont eu le temps de sécher, afin d’avoir un pigment assez concentré.
A droite, l’œuvre est retravaillée avec des ombres pour donner plus de contraste. C’est mieux, non ?
L’étendue des valeurs
La valeur d’une couleur, c’est-à-dire son degré d’intensité lumineuse est parfois plus important que le choix des couleurs. L’équilibre des valeurs joue un rôle important pour attirer le regard du spectateur. Il faut prendre le temps de savoir où placer les zones claires et foncées.
Le point focal
La notion de point focal est souvent importante quand on réalise une aquarelle réaliste. Il s’agit de la zone avec les plus forts contrastes de valeur. Il est important de créer un point focal mais aussi de savoir où le situer dans la composition de sa feuille.
6- Mélanger les techniques de l’aquarelle
Une aquarelle est souvent plus attirante quand elle mélange les deux techniques de base : la technique sèche et la technique humide. Utiliser une technique mixte permet de donner du relief. Par exemple on travaille dans le mouillé pour le ciel et le paysage lointain, et dans le sec pour les arbres du premier plan. Cela permet de créer une dynamique dans l’œuvre.
7- Ne pas se fier aux résultats qui apparaissent sur papier humide
Encore une fois, il va falloir anticiper certains caprices des pigments dans l’eau. Certains effets de la peinture encore humides sont temporaires. En séchant, les effets changent. Le plus contraignant : les couleurs s’éclaircissent. Mon conseil: ne pas avoir la main trop légère en appliquant certaines couleurs. En effet, le résultat peut vite être trop claire et si l’on retravaille trop de fois la surface, on perd la beauté du geste spontané qui procure une couleur pure et transparente sur le papier.
A droite: la tâche vient d’être réalisée, elle est encore humide. A gauche: la tâche a eu le temps de sécher, elle s’est éclaircie.
8- Maîtriser les jeux de l’aquarelle
Pour réussir une aquarelle, il est intéressant de connaître certains phénomènes qui se produisent entre les pigments et l’eau et créer quelques effets. C’est vraiment là que se situe la beauté de l’aquarelle ! Je trouve cela dommage de ne pas s’amuser des effets spontanés qui peuvent se produire. Difficile de tout contrôler mais on peut en provoquer certains. Attention toutefois fois à ne pas en faire le sujet de l’œuvre, il faut que les effets restent anecdotiques dans une peinture figurative. L’utilisation mal contrôlée ou involontaire de certains effets peuvent même devenir des faux-pas qui vont ruiner votre peinture.
Les cernes et les auréoles
C’est un effet qui se produit quand on ajoute un surplus d’eau sur une surface en train de sécher, moins humide. En ajoutant de l’eau, les pigments déjà déposés sur la feuille vont migrer sur les bords. Plus la feuille est presque sèche, plus le résultat sera prononcé. Selon l’effet désiré il ne faut donc pas trop tarder pour travailler un aplat.
Les tâches et les projections
Un pinceau bien trempé peut faire quelques éclaboussures. Quelques projections peuvent simuler la canopée d’une forêt par exemple. Cette astuce permet de peindre rapidement et de créer des effets vivants. Pour réaliser cet effet certains utilisent des outils comme le pinceau ou bien une brosse à dents par exemple. Selon le geste et la taille des poils, on peut obtenir des résultats assez variés, c’est un coup de main à prendre.
9- Créer de la profondeur
Créer différents plans dans la composition de votre peinture permet de donner du réalisme, de la perspective, et donc de sortir du « plat de la feuille » qui peut parfois faire plus amateur. Pour cela plusieurs moyens sont à disposition de l’aquarelliste. Le plus simple, surtout dans un paysage, est de délimiter un premier, un second et un arrière-plan par exemple. Dans d’autres cas, il peut s’agir de recréer une texture. Pour réaliser le portrait d’un animal, on essaie de recréer l’aspect de son poil ou de ses plumes. Souvent il s’agit d’esquisser un paysage avec une réelle perspective. Peu importe le style et le degré de réalisme, l’idée est de donner une simple profondeur à la peinture, qui viendra se distinguer de la simple illustration.
10- Ne pas retoucher les gestes
Je crois que l’un des secrets d’un aquarelle réussie est la spontanéité de son geste et du mélange dans l’eau. Si l’on retouche trop de fois certains aplats ou détails, on peut vite tout gâcher. Ne pas hésiter à recommencer le travail sur une nouvelle feuille, mais sans chercher à recopier le premier essai… On laisse agir les aléas de l’eau.
De bien précieux conseils, MERCI.
Question subsidiaire, c’est elle qui m’a amené sur votre site, existe-t-il une technique pour donner de la luminosité (brillance) à une partie d’aquarelle déjà réalisée…
ex superposition d’un lavis…
Je vous en prie, merci de me lire ! Alors pour votre question, il faudrait savoir pourquoi vouloir redonner de la luminosité, ça dépend un peu ce que l’on entend par là… C’est les couleurs qui ont perdu leur éclat, qui n’ont pas assez de transparence ? Ou c’est redonner des touches lumières dans la composition générale ? La superposition d’un lavis ça peut vous permettre de réchauffer un ton pour gagner en harmonie des couleurs, et s’approcher d’une couleur « plus lumineuse » en terme de couleur et de chaleur (rendre un bleu moins froid par exemple ou raviver une couleur trop pâle avec une autre). Après en ce qui concerne la brillance et la transparence des pigments, malheureusement elles sont liées à la peinture utilisée, il y a peu de chose à faire à ma connaissance, c’est pourquoi il est important de bien choisir ses couleurs de base. Tout dépend ensuite de ce qui vous chagrine mais parfois juste en jouant sur les contrastes/ombres ou en apportant des petites touches de couleur, des effets de projection, on peut tromper l’œil et raviver des couleurs qui ne sont pas lumineuses de base… Voilà j’espère que cela répond correctement à votre question !
Bonsoir,
Merci Aline pour vos conseils. Ayant commencé il y à peine 4 ans, je constate que l’Aquarelle peut être:
Rêveuse, vaporeuse, romantique, créative, réaliste, colorée, puissante, intense, profonde, légère, translucide et j’en passe. La Nature étant souvent mon sujet de prédilection, je me suis tout de même laissé par des sujets tels que des chats ou des chiens. Les Fleurs quant à elles, demeurent pour moi une énigme et une « quasi souffrance »; n’obtenant pas le résultat escompté. Le format est aussi important je trouve. Pour l’instant, je me concentre sur les A4 et A3 (environ une centaine). J’ai quelques A2 et A5.
Quels seraient vos conseils pour le cadrage ?
Merci et meilleures salutations artistiques. Magdi
Merci pour votre chaleureux retour sur l’aquarelle. Concernant le format, je pense qu’il n’y a pas de règles, mais qu’il est en effet important de choisir un format adapté à ce que l’on veut représenter. Il me semble bien de varier de temps en temps en fonction des sujets et de ses envies ! Cela participe aussi à trouver son style. Par contre, mon conseil est d’adapter son matériel au format choisi : par exemple utiliser la bonne taille et forme de pinceaux, de l’aquarelle en tube pour les très grands formats, etc… pour ne pas se mettre des bâtons dans les roues. On dit souvent que les petits formats « enferment » les gestes, mais on peut aussi très vite se perdre et bâcler son travail sur un grand format… Personnellement, avec un croquis préalable bien détaillé le grand format ne me gène pas, mais ma manière de peindre « spontanée » me guide plutôt sur des petits formats. Le format A4 ou 24×32 est je trouve un bon compromis pour les réalisations à l’aquarelle, car on peut réaliser aussi bien des illustrations, des paysages, faire de l’aquarelle traditionnelle ou plus moderne. Bien à vous.
Un très grand merci pour vos précieux conseils. J’essaie d’apprendre les gestes fondamentaux pour réussir une aquarelle et éviter de me décourager . Ma question est en rapport avec les noms et types de couleurs ainsi que leur qualité.
Existe-il un moyen de d’apprendre le nom des couleurs d’une marque à une autre? Un exemple Le vert de mai, est équivalent à quel vert d’une autre marque? Laque de garance rouge clair ressemble à quoi au juste?
pour me pratiquer, j’ai acheté un kit avec des couleurs et je dois deviner leur nom.
Enfin, ma question concerne la qualité de la peinture.
Pour des débutants, que conseillez vous comme sorte de peinture?
Merci pour votre aide.
Sadia,
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Bonjour,
Merci pour votre message.
Pour connaître l’équivalence des noms de couleurs selon les marques, il faut regarder le nom des pigments qui composent la couleur. Deux noms différents de couleur entre deux fabricants peuvent en effet cacher la même composition en pigments. Par exemple derrière le bleu de cobalt, se cache le pigment PB28. L’appellation des pigments est codifiée pour mieux s’y retrouver. Pour connaître les pigments qui se cachent derrière une couleur, il faut regarder sur le tube ou le godet, l’information est normalement inscrite. Vous pouvez aussi regarder dans le catalogue des fabricants que l’on peut parfois trouver en ligne ou dans certains magasins spécialisés ou encore sur internet.
Après il n’est pas toujours nécessaire de connaître le nom des couleurs pour débuter, on peut peindre à l’intuition, en testant les mélanges qui nous plaisent… Plus tard, il est intéressant de connaître le pigment qu’on travaille quand on cherche des comportements précis : un mélange qui granule, un mélange transparent pur, une couleur réaliste… Le problème avec les kit tout fait c’est effectivement s’il vous manque une couleur essentielle. Le mieux pour voir à quoi ressemble une couleur est d’aller voir en magasin pour voir des échantillons des couleurs sur le papier directement (et non une impression ou sur l’écran de l’ordinateur…)
Je vous conseille de vous tourner tout de suite vers une aquarelle extra-fine, d’une qualité supérieure. La différence entre les marques est ensuite moins importante. Je travaille avec la marque Sennelier et Winsor et Newton qui sont très bien, mais d’autres marques font l’affaire !
J’espère avoir répondu à vos questions.
Bonne journée 🙂